Si la fast fashion est très souvent mise à mal par ses pratiques peu éco-responsables et éthiques, elle reste néanmoins une réalité pour le consommateur : répondre à un besoin de renouveau permanent. Alors comment la fast fashion doit elle se réinventer pour allier éthique et éco-responsabilité ?
La fast fashion vous connaissez : le principe est de produire vite et vendre à petits prix, des produits destinés à être remplacés d’une saison sur l’autre par l’acheteur. Finies les collections hiver ou été, les produits se renouvellent tous les mois environ. Les marques référentes dans ce domaine sont Zara et H&M, surpassées depuis par Boohoo ou Pretty Little Things.
Mais, que lui reproche-t-on ? Jusqu’en 2013, le sujet était plutôt enfoui ; le consommateur se doutait que l’empreinte écologique était lourde et que les méthodes de confection pouvaient prêter à controverse, mais sans plus. Mais, en avril 2013, dans la banlieue de Dacca au Bangladesh, le Rana Plazza s’est effondré. Cette usine textile de huit étages produisait des vêtements pour de grands distributeurs européens de mode rapide dite «fast-fashion». Le bilan humain s’est avéré catastrophique : 1 138 ouvriers ont perdu la vie et 2 500 ont été blessés. Mondialement médiatisé, l’effondrement de l’immeuble a éveillé les consciences des consommateurs et des consommatrices et a mis en lumière les conditions de production déplorables de l’industrie textile.
Les dérives écologiques. La production intensive des vêtements commence avec l’exploitation de nombreuses ressources non-renouvelables pour les matières premières. Les produits chimiques pour teindre ou délaver les vêtements sont aussi néfastes pour la planète que pour la santé des travailleurs et causeraient 20 % de la pollution des eaux dans le monde. Afin de rallier les pays occidentaux au plus vite, les vêtements traversent le globe en avion, l’un des transports les plus polluant en termes d’émission de gaz à effet de serre. Enfin, les matériaux utilisés étant peu solides, ces vêtements ne durent pas et finissent vite à la poubelle. En Europe, cela représente 4 millions de tonnes de textiles par an. Sur ces 4 tonnes, seulement 10% sont recyclés et 10% sont revendus en seconde main. Les 80 % restants seront jetés avec les ordures ménagères et seront enfouis ou incinérés. La fibre de polyester présente dans de nombreux vêtements met plusieurs décennies à se décomposer lorsqu’elle est enfouie.
Une exploitation de la main d’oeuvre. Pour réduire les coûts de fabrication, le « made in China » et le « made in Bangladesh, Pakistan » ont fleuri : main d’œuvre pas chère et conditions de travail non contrôlées. Tant et si bien que, montrés du doigt depuis de nombreux mois, la justice française vient d'ouvrir une enquête pour recel de crimes contre l’humanité à l'encontre de 4 géants de la mode. Derrière cette plainte, ce sont des ONG qui œuvrent pour faire reconnaître la répression du gouvernement chinois contre les minorités Ouïghours et turcophones dans la province du Xinjiang. L'objectif de la plainte n'est pas seulement d'épingler ces 4 géants du textile, mais bien remettre en question un système de mode qui, par manque de transparence, participe à l'exploitation d'individus.
Quelles alternatives ? Bien des alternatives sont possibles pour renouveler régulièrement sa garde-robe en gardant un comportement éthique.
Et si la fast fashion devenait éthique ? La tendance est à la transparence et de plus en plus de marques l’ont compris. Les consommateurs veulent mieux connaître les processus de fabrication mais aussi les coûts, les marges, l’histoire réelle de l’entreprise et son projet de développement. Et le patron d'Etam, leader français de la lingerie, l'assume : oui, on peut sortir de nouveaux produits toutes les semaines tout en ayant une politique RSE forte. Avec le programme WeCare for the Planet, Etam s’engage à ce que 80% de son offre soit écoresponsable d’ici à 2025. Aujourd’hui, avec déjà 40% de produits écoconçus, l’enseigne fait partie des plus engagées. Face à la pénurie de coton bio, dont le tiers est produit par les Ouïghours, Etam s’est penchée sur d’autres matières naturelles et des alternatives comme le polyester recyclé, par exemple. Tous les produits étiquetés WeCare ! respectent les labels reconnus internationalement, comme le label Oeko-Tex. Sur le plan social, avec le volet Transparency, l’entreprise s’engage également à ce que toutes ses usines, en Asie et ailleurs, soient auditées et répondent à des cahiers des charges précis.